Hector Berlioz s’est rendu à deux reprises en cure à Plombières-les-Bains, les étés 1856 et 1857. Il écrivait alors pour un journal.
« Mlle Dorothée, célèbre à Plombières et très avantageusement connue depuis Épinal jusqu’à Remiremont, est une honnête et aimable personne, née il y a longtemps dans le Val d’Ajol, d’où elle est sortie pendant quelques années seulement. (...) Elle construit de ses mains de petits instruments de musique, qu’elle nomme épinettes, sans doute parce qu’on les vend à Épinal, car ils n’ont de commun avec la véritable épinette que l’emploi de quatre cordes en métal tendues sur un bâton creux semé de sillets comme un manche de guitare, et qu’on gratte avec un bec de plume.
Mlle Dorothée fait en outre des vers remplis d’expressions bienveillantes pour les voyageurs qui vont la visiter, et offre à ses hôtes du lait exquis et un excellent pain bis, sur une table plantée il y a soixante-dix ans par son père sur une terrasse qui de très haut domine le Val d’Ajol. De là la vue est indescriptible. »

Berlioz s’est bien légèrement renseigné avant d’écrire cet article paru dans le Journal des débats et qui est daté du 24 août 1856. Publié le 4 septembre de la même année.
Elle construit de ses mains de petits instruments de musique” : Dorothée ne fabriquait pas, elle laissait ce soin à des voisins paysans-luthiers tels qu’Amé Lambert.
“... épinettes, sans doute parce qu’on les vend à Épinal...” : ça c’est de l’étymologie !

Berlioz ne s’est pas intéressé à l’épinette, il la dédaigne même ; ça n’est pas très étonnant quand on voit les fades compositions qu’il a écrites pour un autre instrument à corde, la guitare, qui a pourtant d’autres lettres de noblesse : ses partitions sont navrantes de mièvrerie.

Heureusement, et je lui pardonne, Berlioz s’est brillamment rattrapé dans ses œuvres symphoniques, dont Les Troyens, composé précisément à Plombières les Bains !
On ne peut pas tout faire en même temps, de l’ethnomusicologie et de l’écriture pour orchestre !