n'avons j'mi eu mæ raison N'avons-j'mi eu mae raison, De tué note gras môton. Note oei et note oca Et bien célébrer la joye Que j'avons au fond den cur. De la venue den Sauvur. S’atot in jou de Noe Tro quatro heures après le supé, Que let bonne Virge Mérie, Dedans ine borgerie Pa in temps mou morfondu, Mit au monde l’ofant Jasus. Saint Joseph à doe gineux, N’avomes assez de sos dos yeux, Pou vore ce divin ofant, Lo fils doe grand Dieu vivant, Que caiche set Divinité Dessus (dessous) sun humanité. Los berger venint pa douzaine, Li appouter sos attraines ; Los uns, do pumes et dos poires, Los autes ly apoutins à boire, Plein in pouto de laitage, Avo cinque ou sée froumages. Ma sy fut bin aute violote, Quand on oït devers la grotte In si douce hermonie, Los anges doe paradis, Qui chantins en plein haleine, On aro dit dos sirennes. Le Diale en ot mou fâché, De se vore si recugné Au pu fin fon dos enfers, Chargi do chaines et de fer. Pou y brouler à jamas, Pas ma fos, c’fut mou bin fâs. Hélas ! j’atins en dangie, De ne jamas vore lo Paradie, Si note divin Signeur, N’avo avoy le Souveur, Pou payé à denie contant, Let sottice dou pare Adam. J’on donc gagnia note proucès, Je serons tourtous sauvés. De quoi ne boutonge à poine : Pu houroux que dos Chaloines, À tout jamas j’arons joye Si j’observons bin sa loi. - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - N'avons-nous pas eu bien raison, De tuer notre gras mouton. Notre oie et notre jars, Et bien célébrer la joie Que nous avons au fond du cœur. De la venue de notre sauveur. C’était un beau jour de Noël, Trois quatre heures après le souper, Que la bonne Vierge Marie, Dedans une bergerie, Par un temps bien morfondu, Mit au monde l’enfant Jésus. Saint-Joseph à deux genoux, N’avait pas assez de ses deux yeux, Pour regarder ce divin enfant, Le fils du grand Dieu vivant, Qui cache sa divinité Par dessous son humanité. Les bergers venaient par douzaines, Lui apporter ses étrennes ; Les uns, des pommes et des poires, Les autres lui apportaient à boire, Plein un pot de laitage, Avec cinq ou six fromages. Mais ce fut bien une autre affaire, Quand on entendit vers la grotte Une si douce harmonie, Les anges du paradis, Qui chantaient à pleine haleine, On aurait dit des sirènes. Le diable en est bien fâché, De se voir mit tant de côté, Au plus fin fond des enfers, Chargé de chaînes et de fer Pou y brûler à jamais, Par ma foi, c’était bien fait. Hélas ! nous étions en danger, De ne jamais voir le paradis, Si notre divin Seigneur, N’avait envoyé le Sauveur, Pour payer à deniers comptants, La sottise du père Adam. Nous avons donc gagné notre procès, Nous serons tous sauvés. De quoi nous mettons-nous en peine : Plus heureux que des chanoines, À tout jamais nous aurons la joie Si nous observons sa loi.