Jean-Baptiste Jean-Baptiste foré t’piécet, Té mère o môt et j’em fâ vié. Dos în ménége qu’osse so d’în boh Pou no r’lévet pou fâre lé sope ? Sé j’veno é meuri enn’ dé ces quoites metins Quos’ qué t’ferô pôr orphelîn ? (bis) Mô père évousse qué j’ieu nollet ? Oss’ é hauté, oss’ é houssera ? Lé ieu-je penr’jèn, lé ieu-je penr’ veille ? D’hhé me bien é poi vot’idée, Pou mi qu’elle saye nère ou qu’elle saye grihhe Pourvu qu’elle saye bienne è vot’ guihs. (bis) Véto chez Francis Motîn, So des geos qu’ont în boi betîn, Nié lé Fanchon, nié lé Zaubette, Nié lé Cath’rine, nié lé seurette. Tâche dé bié t’compoutet, Qué t’nâye pas l’âr évoltonet ! (bis) Mô père qué hernet qué j’ieu motte ? Mô grand berâ, ou mé chèmehotte ? J’dôt’ dé pesset pou trop dieuriou. Ou biè d’évouer l’âr trop pouillou. J’vas motte mô reuchot bleuiet, Mô bounot d’soie zo mé casquette. (bis) Le lendemain, Baptiste s’en va Voir les filles d’Francis Martin. -Bonjour Dondeuille é vo tortottes. Père Motîn, j’vie voir von bassottes, Mô père mé pousse duhh’ è m’mériet, No faut énne geo pou no r’lévet. Informet vo bié d’not’ famille, J’enn’ vourau mi qu’vo lo regrettîns : J’on do bon bié, dou bieux, in ch’vau, Cent cinquante gélines so comptet lo geau, Topien do foi et co d’lé paille, Et dé lopîn enne grosse marmaille. (bis) J’on six genissons é chêque sohon, J’enne d’vot pu riet su not’ mohon. J’on dou jôdins, tro bâles chenvaires Qu’é volot bié cent francs l’aumaille, J’on des boués prés su lé rivière Qué no répouttent to pien do foi. (bis) N’iot n’é pas ûn do lo villége Pou évoi în poroye ménége : Rié qué d’ssus lo desservant, Nié pou fâre in bé linquant. En’ manquerié dépeu lé retteure, Lo covote éco lé benh’eur. (bis) Jean-Baptiste faudrait te placer, Ta mère est morte je me fais vieux. Dans un ménage qu’est-ce qu’un vieux garçon Pour faire notre soupe et nous relaver Si je venais à mourir un de ces quatre matins, Qu’est-ce que tu ferais pauvre orphelin. Mon père, où est-ce que je veux aller ? Est-ce en haut, est-ce en bas ? Dois-je la prendre jeune, dois-je la prendre vieille ? Dites-moi bien au point votre idée, Pour moi, qu’elle soit noire ou qu’elle soit grise... Pourvu qu’elle soit bien à votre guise. Va chez Francis Martin, Ce sont des gens qui ont un bon butin, Il y a la Fanchon, il y a la Zaubette, Il y a la Catherine, il y a la sœurette. Tâche de bien te comporter, Que tu n’aies pas l’air trop excité ! Mon père, quels habits je veux mettre ? Ma peau de mouton ou ma chemisette ? J’ai peur de passer pour trop coquet, Ou bien d’avoir l’air trop pouilleux. Je mettrai ma blouse bleue, Mon bonnet de soie sous ma casquette. Le lendemain Baptiste s’en va Voir les filles de Francis Martin, Bien le bonjour à vous toutes ! Père Martin, je viens voir vos bacelles, Mon père me pousse dur à me marier, Il nous faut une gens pour nous laver. Informez-vous bien de notre famille, Je ne voudrais pas que vous le regrettiez : Nous avons du bon bien, deux bœufs, un cheval, Cent cinquante poules, sans compter le coq, Beaucoup de foin et encore de la paille, Et des lapins, une grosse marmaille. Nos avons six génisses à chaque saison, Nous ne devons plus rien sur notre maison. Nous avons deux jardins et trois belles chènevières Qui valent bien cent francs l’hommée* * 2 ares Nous avons de bons prés sur la rivière Qui nous rapportent tout plein de foin. Il n’y en a pas un dans le village Pour avoir un pareil ménage : Rien que sur le dressoir, Il y en aurait pour faire un beau linquant ! Il ne manque rien, depuis la souricière, La chaufferette et la bassinoire. Mé fomme éré l’étieule des chettes ! Pohaine né pertége évot mi ! Jé lui abandonnerâ tortotte lé r’fâte ! Elle pourret bié fâre so fourbi ! Bronchet do lo potot d’grenhote, Et lochet lo mié des mouhottes. (bis) Mé fôme n’éré houa d’œuvre é fâre : J’emme leuve et j’fâ cueur les cmortiares. Jé fâ balemot d’réhaut lé mohon Pou qu’elle poyeus fâr în boi son. J’trâ lé véches, j’fâ lo lochon, Quand lo cau coune, jé lâche lé coche.(bis) Voyons mes filles, laquelle de vous Prendra Baptiste pour époux ? C’est un garçon de bonne mine, Voyez si Dieu vous le destine, S’il peut plaire à votre cœur Et faire enfin votre bonheur ? (bis) Zaubette dit : -si je me marie, Je veux une robe à chaque saison. Et pour contenter mon envie Vins et liqueurs à la maison. J’aime la besogne bien faite : Bons mets, repas, riches toilettes. (bis) Sœurette dit : -si je prends un époux, Je veux qu’il ne soit pas jaloux, Qu’il me soit fidèle et sage, Qu’il me fasse tout dans le ménage. Et s’il ne veut pas aller à ma façon Je ferai jouer le bâton ! (bis) Arroir’ don, bacelles Motîn, Jé voi bié qué j’piâ mo létin ! J’tréveillerô comme în Lazare Et vo mégérîn torto lo bazar ! Foret co tôchet lo cu des éfants ! Tâchet d’treuvet des autes golants ! (bis) Mô père j’é r’vié comme j’â nollet... Je répout în sac dézot mo bret. Ces bougresses-lé cé n’é qu’ié diore ! Cé n’aimeret qué d’sucet lo gottion ! J’dirâ comme nonquîn Zidore : Vaut quo meu ê’ gohon qué d’êt’ tôchon ! (bis) Té j’mâ voulu sere mes èvis ! T’vas tojo nère comme în squévis ! C’mosse qué t’vourô qué des bâcelles, Si dieuriouses et si belles, Consentînsent é s’mériet, Évo în drôle, qué tojo lo quercet cochon ? (bis) J’enne mé mol’râ pu d’to ménége, Grand hhopolâ, bougre d’touillâ ! Té rogerai to bure éco tes fremèges ! lô diable si j’y fourre cot lo net ! J’â tant ramet dis-me pou quiosse ? Pou des geos, qu’enne mé front mi dire enne mosse... (bis) Ma femme aura l’écuelle des chats ! Personne ne partage avec moi ! Je lui abandonnerai toute la refaite* * lait, beurre, œufs... Elle pourra bien faire son fourbi ! Plonger dans le pot de graisse Et lécher le miel des abeilles. Ma femme n’aura pas grand’chose à faire : Je me lève et je fais cuire les pommes de terre. Je fais doucement dans la maison Pour qu’elle puisse encore faire un bon somme. Je fais les vaches, je fais le léchon, Quand le berger corne, je lâche la coche. Voyons mes filles, laquelle de vous Prendra Baptiste pour époux ? C’est un garçon de bonne mine, Voyez si Dieu vous le destine, S’il peut plaire à votre cœur Et faire enfin votre bonheur ? Zaubette dit : -si je me marie, Je veux une robe à chaque saison. Et pour contenter mon envie Vins et liqueurs à la maison. J’aime la besogne bien faite : Bons mets, repas, riches toilettes. Sœurette dit : -si je prends un époux, Je veux qu’il ne soit pas jaloux, Qu’il me soit fidèle et sage, Qu’il me fasse tout dans le ménage. Et s’il ne veut pas aller à ma façon Je ferai jouer le bâton ! Au revoir, mesdemoiselles Martin, Je vois bien que je perds mon latin ! Je travaillerais comme un lazare Et vous mangeriez tout notre bien ! Faudrait encore torcher le cul des enfants ! Tâchez de trouver d’autres galants. Mon père, je reviens comme je suis parti... Je rapporte tout comme avant, Ces bougresses-là, ça n’a que la gloire ! Ça se plairait à tout sucer ! Je dirai comme mon oncle Isidore : Vaut mieux être garçon que d’être torchon ! Tu n’as jamais voulu suivre mes avis ! Tu vas toujours noir comme un cochon ! Comment voudrais-tu que des bacelles, Si coquettes, si propres, si belles, Consentent à se marier, Avec un drôle qui sent toujours le fumier de cochon ? Je ne me mêlerai plus de ton ménage, Grand bon à rien, bougre de touillâ ! T’arrangeras ton beurre et encore tes fromages ! Le diable ! si j’y fourre encore le nez ! J’ai tant trimé dites-moi pour qui ? Pour des gens qui ne me feront même pas une messe...