la toilette d’une grande dame Quan je dansion avoè nô pré, Je n'mettion point d'cé chèpé lè, Qué so si bein enjolivé, ( bis ) Qué dèvolon pu bè que l'né. ( bis ) Je n'mettion ni pouf ni poufon, Ni bé riban, ni ceinturon. Nô cotillon et nô corsè Volon ben to sos affiquè. Iarsô è lè ville j’ervoétiô Eune belle grande dame qué l’o frisiô. O-t-i possible, ô boin Jésus ! Qué de poéne et qué d’tan pordu ? Eune baicelle qu’o-z-oyô Marton, Li fésio doû gran papillon : Ç’âtô doû grand’ zal’ de moulin, In pô pu bè doû grô boudin. J’oyô qu’al’ li dehho : - Marton, Mâtè mè cornette è bellon. J’voyô qu’al li boutio patiou D’lè fèréne et pi di saindiou. Al’ li barbouyô lou grougnio D’in pô d’rouge au fond d’in poutio, Ç’âtô, ma friqu’, rouge, sans manti, Comme not’ jala, quan ‘l a fèchi. Ç’âtô dé gran fouche de fer Q’soutenon so gran iac en l’air, J’doutiô, quan so gran iac fu mi Què lè gran dame ne s’envouli. Ç’âtô dés boite d’ongan, Je n’so qué diab’ n’i avô d’dan. Je cro bein qu’ç’âtô di varni Pou qu’la grand’ dame fu piafonni. Aprè slé, ce n’âtôme’ co fâ. O li épouti so mirzâ ; Ç’âtô dé pti brinboriyon Que d’ses oreille brindillon. N’i avô sé pti soulo mignon, Qu’étion doubié de pé d’chaton. Ô dame ! j’n’osô ervoétiè d’so Pou voir si n’i avo dé kio. A l’s’ervoétieu dans lo mureuye, Dehan : - qué j’seuye peute auj’deuye ! Do viè do qu’mo tein n’o mi kiair ? Ça què j’me suy couchiè tro tair. Si cé’ dame vo in paradi, J’frâ bein dé croiye, Dieu merci ! Lo gran diab’ lé forgoneré, Quan al seron dan l’peï bè. Quand je dansais parmi nos prés, Je ne mettais point de ces chapeaux-là, Qui sont si bien enjolivés, Que ça dévalait plus bas que le nez. Je ne mettais ni pouf, ni poufon, Ni beau ruban, ni ceinturon. Nos cotillons et nos corsets Sont bientôt mis. Hier soir à la ville je regardais Une belle dame que l’on frisait. Est-il possible, ô bon jésus ! Que de peine et de temps perdus ? Une demoiselle qui s’appelait Marton, Elle faisait deux grands papillons : C’était deux grandes ailes de moulin, Un peu plus, je battais du gros boudin. J’entendais qu’elle lui disait : - Marton, Mettez-moi une cornette à ballon. Je voyais qu’elle lui mettait partout De la farine et du saindoux. Elle lui barbouillait le museau D’un peu de rouge au fond d’un pot, C’était, ma foi, rouge, sans mentir, Comme notre coq, quand il est fâché. C’était de grandes fourches de fer Qui soutenaient ces décorations en l’air, Je craignais, quand sa parure fut mise, Que la grande dame ne s’envolât. C’était des boites d’onguent, Je ne sais quel diable il y avait dedans. Je crois bien que c’était du vernis Pour que la grande dame fût fardée. Après celà, ce n’était pas encore fini. On lui apporta ses pendants d’oreille ; C’étaient de petits “brimborillons” Qui pendaient de ses oreilles. Je n’avais pas ces petits souliers mignons, Qui sont doublés de peau de chaton. Ô dame ! je n’osait pas regarder Pour voir s’il y avait des clous. Elle se regarde dans le miroir, Disant : - que je suis laide aujourd’hui ! D’où vient donc que mon teint n’est pas clair ? C’est que je me suis couchée trop tard. Si cette dame va en paradis, Je ferai bien de croire, Dieu merci ! Le grand diable la tisonnera Quand elle sera dans le beau pays.