lé vôye de Vohhonco Messieu, ècouté mè chanson ; Ç’o lè vérité, j’vo répon. Ç’o én’ drôl’ d’èvanture Et én’ joli marvôye. Mâ po sèvouè l’ollure, I fau prôtè l’orôye. En r’venant dé vôye d’Vohhonco, No Messieu on fâ in complo. En pessan po Chèté, ‘l on ollé boére botoye. Lo sieur Masson, dit-on, Ai do vin non porôye. Colâ d’Pagney k’n’o m’dègoté, Di : Èvo vo, je vieu nollé. J’lo vlon biè, ont-é di, Je rèchévron lé vôye ; Je boéron, mordiè biè, Chèquin note botôye. I n’lo vando que vinte deu sou. - Chéq’ ine botôye, cè n’fa k’onze sou ; Celè ne nos empêche. Je n’on ni pain ni pâte ; Mâ si j’velò mangiè, Es’ke j’n’on mi d’lè tâte. En entran chié lo sieur Masson, ‘l on fâ tiriè do vin d’Mâcon. François Marienne ai di : N’en fau k’chéquin in vorre ; Je séron èneuti, I fâ déjà biè nore. Couanet ai vèlu sôtè fieu, Je n’sai poquè ; mâ i s’zequeu. En rentran è lè tôye, I s’mir’ tortu è rire. Couanet su l’euche ètô Qui n’sèvo què on dire. En sôtan fieu de chié Masson, Is ètin gai come dé pinson. Mâ lè pôre serviotte, Qué bé train qu’on li moène ! Et lè pôr’ tât’ de cmotte, È n’en rèhhèpeur m’éne. Messieurs, écoutez ma chanson ; C’est la vérité, je vous réponds. c’est une drôle d’aventure Et une jolie merveille, mais pour savoir comment ça s’est passé, Il faut prêter l’oreille. En revenant de veillée de Vaxoncourt, Nos messieurs ont fait un complot. En passant par Châtel, ils sont allés boire bouteille. Le sieur Masson, dit-on, A du vin sans pareil. Colas de Pagney qui n’est pas dégoutté Dit : Avec vous je veux aller. Nous voulons bien, ont ils dit, Nous achèverons la veillée ; Nous boirons, jurerons bien, Chacun sa bouteille. Il ne le vend que vingt deux sous. - Chaque bouteille ne fait qu’onze sous ; Cela ne nous empêche... Nous n’avons ni pain ni pâte ; Mais si nous voulons manger, N’avons-nous pas de tarte ? En entrant chez le sieur Masson, Ils ont fait tirer du vin de Mâcon. François Marienne a dit : N’en faut que chacun un verre ; Nous serons “ennuités”, Il fait déjà bien noir. Couanet a voulu sauter dehors, Je ne sais pas pourquoi ; mais il s’est cogné. En revenant à table, Ils se sont tous mis à rire. Couanet était à la porte Qui ne savait quoi dire. En sortant de chez Masson, Ils étaient gais comme des pinsons. Mais la pauvre serviette, Quel beau train on lui mène ! Et les pauvres tartes aux pommes, Il n’en réchappe pas une. Depeu tolè is on venu Au bou d’lè rouelle còte in pti ru. I s’peurnin po lo cô ; I chèyin su zu dô. I s’fir’ dé bâl’ jacotte Et eur’ dé bâl’ dètrosse. Poirot moéno Philippe Drouin Po d’so lo brè drohô lo ch’min. Lo Jacquot, ont-é di, Ollô d’coté et l’aute, Èvo in grô bôton Que dètrisso lés aute. Philippe Drouin, Minique Poirot È to momo n’ètin pu dro. - Est-i possibe, dire-t-i, Qué je n’serôme lè mâte, Qué j’demoérron toci, Dò lo pu grô d’lè mâte. - O ! mon dieu don, Minique Poirot, S’vo viyin lo pan d’vot’ reucho ! - Pô de chose, dit-i, Ç’nom’torto slè k’m’èbaube. J’â pèdiu in solé, Et je n’sai ous’qu’o l’aute. Lo fe d’Méline viè au merchiè : - Qu’os qué j’voé boliè d’vo mé piè ? - Ç’o to pére ; di Jacquot, Qué fâ lè cain’ sauvage, Et couanet qué y o co Que moéne in bé tapage. In pô pu lon ç’feu co biè pé, Au bout dé chen’vére de Nom’hhey. François Marienne ai di, En pessan d’su lés aute : - Qu’os’ qu’ai don lo Lorrain ? J’cro k’lai chié dò dé chausse. Lo lond’demain, quan i feu jo, Et s’croyin co è Vohhonco. I fur’ biè-n èbaubi D’oyu telle musique Que zu fomme li chantin D’in ton biè magnifique. Lo surlend’main drehô Igney, Si vos èvin vu lé bâl bouéye, Lé chausse et lé reucho Repandu su lè hâye, Lé chèpé qu’on brohho Et lé fomme èhhernâye ! Ils sont venus depuis là Au bout de la ruelle près d’un ruisseau. Ils se tenaient par le cou ; Ils tombaient sur leur dos. Ils se firent de belles jaquettes Et eurent de belles frayeurs. Poirot menait Philippe Droin Par dessous le bras, en haut du chemin. Le Jacquot, on a dit, Allait d’un côté à l’autre, Avec un gros bâton Pour éclabousser les autres. Philippe Drouin, Minique Poirot À tout moment n’étaient plus droits. Est-il possible, dirent-ils, Que nous ne soyons plus le maître, Que nous demeurerions ici, Dès le plus gros du maître. ?????? - Oh ! mon dieu donc, Minique Poirot, Si vous voyiez le pan de votre habit ! - Peu de choses, dit-il, Ce n’est pas ça qui m’étonne. J’ai perdu un soulier, Et je ne sais pas où est l’autre. Le fils de Méline va au marché : - Qu’est-ce que je vois remuer devant mes pieds ? - C’est ton père ; dit Jacquot, Qui fait le canard sauvage, Et Couanet qui a reçu un coup Qui mène un beau tapage. Un peu plus loin, ce fut bien pire, Au bout de la chènevière de Nomexy. François Marienne a dit, En passant sur les autres : - Qu’a donc le Lorrain ? Je crois qu’il a chié dans ses chausses. Le lendemain, quand il fut jour, Et ils se croyaient encore à Vaxoncourt. Ils furent bien étonnés D’entendre telle musique Que leur femme leur chantait D’un ton bien magnifique. Le surlendemain en haut d’Igney, Si vous aviez vu la belle lessive, Les chausses et les costumes Répandus sur la haie, Le chapeau qu’on brossait Et la femme affairée !